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Les chignons en voyage
5 décembre 2011

Trois semaines à la ferme ! (Part One)

Après une dizaine d'heures de bus, nous voici arrivées à Puerto Montt, ville portuaire de la dixième région. Nous allons passer trois semaines en Wwoofing, à travailler dans une ferme à une heure de la ville, en échange d'un toit et des repas. Les Chignons à la ferme, c'est parti ! Après deux donuts dans le ventre et avoir failli acheter un calendrier de femmes en maillot de bain proposé par un gentil (et très perspicace) monsieur à la gare routière, nous voici dans le bon bus. Le chauffeur nous arrête pas loin de « la granga de los gringos » et après quelques minutes à pied sur une piste, nous découvrons la ferme et la famille qui nous accueille. Bon, avant les gens, ce qui nous a frappé... c'est la maison en elle-même. Pour ceux qui ont déjà regardé l'émission « C'est du propre » sur M6... Sans même exagérer ! Partout, dans toutes les pièces, des habits, des restes de nourriture, poussière, crasse, livres, vaisselle sale, presque impossible de faire un pas sans marcher sur quelque chose. Welcome ! On a vraiment fait dans le local : les fermiers installés ici sont des américains ! Lisa et Scott et leurs trois enfants : Maka et John (deux enfants chiliens adoptés) et Katy, la dernière. A défaut de travailler notre espagnol, on va essayer de se remettre à l'anglais et la transition n'est pas facile. On mélange les deux langues mais au bout de quelques heures tout va mieux. Après notre premier repas, Lisa nous emmène dans « notre » maison, située un peu plus haut dans les collines, près des champs et des vaches. La maison en question est une grande baraque en bois, très peu meublée et au confort spartiate : une seule ampoule dans la grande pièce principale, pas d'eau courante et pas d'eau potable, une vieille cuisinière pour chauffer tout ça et du porridge pour le petit-dèj. Miam ! Je ne trouve ça pas mauvais avec du miel et un peu de cannelle, Caro, elle, déteste ça, heureusement qu'il nous reste quelques provisions ! La première nuit est très froide, et même avec nos sacs de couchage, nos deux couvertures et nos habits sur nous, on grelotte toute la nuit.

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Le matin, une petite douche ? Raté. Évidemment pas d'eau, il faut aller en chercher dans le tonneau en face de la maison. Après avoir marché dans deux bouses de vache, glissé dans l'herbe mouillée, pas réveillée, m'être cassée le dos pour soulever le seau, avoir renversé la moitié sur moi, j'arrive enfin à le poser dans la maison. Ouf. Maintenant, il faut faire chauffer de l'eau et mettre tout ça dans des petits bidons en plastique, qui bien, sûr, fondent au contact de l'eau bouillante... Pas assez d'eau pour me rincer, je ressors de là pleine de savon. Finalement, Martine à la ferme ne va peut-être pas se laver tous les jours, faut pas exagérer ! Ensuite, il nous faut dix minutes de marche pour aller travailler et là encore, un vrai parcours du combattant ! Boue, eau, fils barbelés, on glisse, on se rattrape, on grogne, oups, ouf, on est presque arrivées, ah non, tiens, une barrière. Un, deux, trois, on pousse, on tire, je bande mes non-biceps, et il faudra s'y mettre à deux pour y arriver ! Même galère pour la fermer... Ça fait une heure qu'on est levées et j'ai juste l'impression d'être dans un camp d'entraînement. Dernière étape : les chiens. Bruno et Ginger nous aboient dessus et couuuuuuuuuurent vers nous, heureusement, ma douce voix fait de l'effet et ils cessent très vite.

Pour notre première matinée, après nous avoir fait visiter la ferme, Lisa nous colle au désherbage de la greenhouse (serre) et du potager. Des heures et des heures de weed nous attendent ! L'après-midi, Scott nous emmène à l'école des enfants, à trois kilomètres de là. C'est une école primaire, qui fait aussi office de collège, et un lycée y sera accolé dans quelques mois, financé par Scott, mécène du coin. Il nous présente au directeur et aux profs, et nous fait entrer dans les classes, où un bazar monstre règne : les enfants crient, rentrent, sortent comme ils veulent, cognent leurs tables aux murs, sans que personne ne leur dise rien... C'est bientôt la fin de l'année et ça se sent ! Scott nous propose de faire une petite intervention dans les classes et alors qu'on s'attendait à parler de notre voyage, le prof d'histoire suggère qu'on parle de la Révolution française aux plus grands. Pardon ? Au lieu de dire qu'on préférerait plutôt parler de l'Amazonie ou du Brésil, on répond « Mais oui, bien sûr ! » avec un grand sourire. Scott nous fixe avec un sourire étrange et j'ai la désagréable impression d'avoir dit oui trop vite et d'être tombée dans un piège. A notre grand étonnement, on apprend que les petits chiliens étudient la Révolution française au collège, considérée comme une étape primordiale dans l'histoire de la liberté dans le monde... On n'avait pas idée de l'importance de notre Histoire dans le monde ! Et dire que nous, nous avons à peine entendu les noms de Pinochet et d'Allende à la fac...

Le soir, on mange en famille et on apprend que Scott et Lisa sont tous les deux profs de fac, qu'ils continuent à enseigner à distance et que Scott publie des livres sur la communication entre les gens, à travers les différents outils de communication aujourd'hui... Il publie chez Pearson, l'un des plus gros éditeurs américains. Impressionnant ! On comprend vite aussi que pour lui, l'intérêt d'avoir des wwoofers n'est pas vraiment pour aider à la ferme mais plutôt d'ordre sociologique : parfait pour montrer des jeunes de tous les coins du monde à ses gosses et pour étudier les réactions de ces mêmes jeunes face à différentes situations. L'histoire de l'exposé à l'école m'apparaît de plus en plus comme un test... Scott et Lisa sont plutôt gentils mais assez bizarres et on n'est pas toujours très à l'aise, surtout face aux regards pénétrants de Scott. On s'attache plus rapidement à Maka, ado un peu fofolle qui nous fait beaucoup rire.

Le vendredi, c'est le fameux jour de l'exposé et après avoir préparé un power-point minable en deux heures (sans internet, of course) à l'aide de trois power-point prêtés par Scott (comme s'il avait prévu ce coup là...), nous entrons dans la classe de Maka et John. C'est la récré, les élèves et le prof ne sont pas encore là. Sonnerie... on nous entraîne dans une autre classe, et là, surprise ! C'est TOUTE l'école qui attend l'exposé des deux gringas. Les 70 élèves réunis, les profs et bien sûr, Scott et Lisa. On respire un grand coup, pas le choix, et on se lance. Il fait une chaleur d'enfer dans la salle et notre accent espagnol est très mauvais, mais on ne se dégonfle pas et on bablate pendant une quinzaine de minutes sur Louis XVI, la prise de la Bastille et la guillotine, devant des petits chiliens aux yeux ébahis. Le prof d'histoire fait ensuite un petit discours sur le droit du citoyen, la liberté, l'égalité et nous répondons à quelques questions sur notre vie en France. Scott et Lisa nous observent dans un coin et on a vraiment l'impression d'être jugées par des profs... Enfin, on a quand même réussi à donner le change et on ne nous y reprendra plus à dire oui à n'importe quoi sans réfléchir !

Cette même semaine, deux autres wwoofers ont rejoint la ferme : Tiffa et Julio, deux jeunes français, qui souhaitent lancer leur ferme à leur retour en France et qui ont déjà passé deux mois chez Scott et Lisa. Ils sont donc accueillis avec beaucoup de plaisir par la famille, d'autant plus que Julio est un pro de la cuisine et du ménage et Tiffa du jardin, deux parfaits wwoofers pour Lisa ! Ils sont assez sympas mais Julio parle beaucoup, sans écouter les autres et quand il a tort, il a quand même raison. C'est assez simple. Impossible d'avoir une conversation équilibrée avec lui ou d'échanger des points de vue, il continue jusqu'à ce que la personne en face de lui ne puisse plus rivaliser. Exemple : il nous prend pour deux citadines. Je lui rétorque que j'ai toujours vécu à la campagne et qu'un poulailler, je sais quand même ce que sais. « Ah oui, mais tu sais, vivre à la campagne, c'est aller chercher les marrons en automne.. » « Oui, oui, je connais. » « Et puis c'est surtout tu vois, savoir dépecer un lapin, tu vois, Tiffa elle savait dépecer un lapin à dix ans... ». Donc à tous ceux qui ne se considèrent pas comme des citadins, mais qui ne savent pas dépecer un lapin depuis leur plus tendre enfance, vous êtes en fait des citadins. Et ça, tous les jours, sur n'importe quel sujet. J'ai vite abandonné : je me contente de faire « oui, oui » ou « in, in » à chaque fois qu'il lance un sujet... La semaine suivante, deux autres wwoofers sont arrivés, deux jeunes américains. Le deuxième jour, l'un des deux est malade et passe sa nuit aux toilettes. Le pauvre, me direz-vous. Sauf que notre chambrette est à côté des toilettes, qu'il n'y a pas de porte aux chambres, qu'on entend donc tout et qu'on sent tout ! Nuit blanche. De plus, ces deux grands gaillards ne se sont pas lavés depuis qu'ils sont arrivés et l'odeur de leurs chaussures a empesté toute la maison. Plus qu'une semaine, plus qu'une semaine....

En plus de ces joies de la vie en communauté, le travail à la ferme nous a aussi réservé de gros fous rires. La première semaine, nous avons passé le plus clair de notre temps à désherber le potager en se demandant où étaient les vraies plantes au milieu des mauvaises herbes, à nous frotter les mains et les ongles le soir pour enlever la terre (sans grand succès), à regarder les gros cochons se frotter aux arbres en grognant de plaisir, à jouer au ping-pong avec Maka, à avoir peur du taureau près des ronces que nous devions éradiquer, à faire la vaisselle sans eau chaude... Que nous réserve la dernière semaine ?

 

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Commentaires
M
les surprises journalières que vous rencontrez dans cette ferme enrichissent vos compte-rendus de gaieté,vous les prenez du bon côté, cela conforte notre amusement en vous lisant..! merci.
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