Le samedi 12 mai nous passons donc la frontière pour revenir au Bénin, plus précisément au nord où on va passer une petite semaine. Hariss, qui a pris a une semaine de vacances, nous rejoint à Tanguiéta, petite ville qui a l'avantage d'être proche du parc de la Pendjari. Le parc, qui porte le nom du fleuve qui le traverse, s'étend sur 275 000 hectares et on peut y observer toutes sortes d'animaux de la savane ! Encore faut-il avoir de la chance, car le territoire est vaste et ces animaux sauvages ne se montrent pas comme ça.
Après avoir pris notre temps pour comparer les prix entre plusieurs agences et négocié dur, nous partons pour deux jours dans le parc. La première journée est plutôt bien remplie : décollage à 6h dans notre beau pick-up flanqué d'une banquette extérieure, deux heures de route pour atteindre l'entrée du parc et une heure encore pour dépasser la zone cynégétique et arriver là où les animaux sont les plus nombreux. Le guide (ou plutôt le chauffeur car, on va vite s'en apercevoir, ne nous explique strictement rien) se borne à conduire la voiture en regardant de temps en temps à droite ou à gauche. Très pro quoi. Heureusement, Caro-oeil-de-lynx-pourtant-très-myope repère tout ce qui bouge et grâce à elle on ne loupe rien ! Très vite, on peut observer des antilopes, pas vraiment farouches et qui se mettent souvent à galoper toutes ensemble pour traverser la route. Magnifique ! Au cours de la journée, on aura la chance de voir des antilopes-cheval, des énormes babouins, plein d'oiseaux différents, des phacochères toujours en famille, des croco, un troupeau de buffles, des hippopotames, et surtout... le clou du spectacle, un éléphant ! Au détour d'un virage, c'est Caro qui l'aperçoit : il est caché derrière des feuillages. On s'arrête et on descend de voiture pour se rapprocher un peu (ce qui est normalement interdit, car un énorme lion pourrait bien nous mordre les mollets). On reste très silencieux, c'est toujours impressionnant de voir une grosse bête sauvage comme ça. L'éléphant semble ne pas s'émouvoir de notre présence, continue à manger puis sort des buissons et se met face à nous. Il nous regarde quelques minutes, et rentre lentement dans la forêt... Notre meilleur moment dans le parc !
Le soir, à l'hôtel, on assiste à une invasion d'insectes : des milliers et des milliers de grosses fourmis volantes s'abattent sur les lampadaires... et, quelle horreur, rentrent même dans notre chambre en passant sous la porte. On trouve vite une couverture pour les empêcher de rentrer, ouf ! Quelques heures plus tard, elles ont toutes perdues leurs ailes et des millions de petits voiles transparents jonchent le sol. Il paraît qu'ici, ces fourmis se mangent, bien grillées ! Qui en veut ?
Le lendemain matin, on part tôt le matin pour essayer de voir quelques bébêtes se dirigeant vers la mare. On croise l'hippo qui se presse dans les hautes herbes pour rejoindre sa mare, un troupeau de buffles au milieu de la route, des babouins et des phacochères faisant route ensemble... Mais pas de lion ! Dommage... On scrute les paysages jusqu'au dernier moment... Quelques heures plus tard, près des chutes que nous sommes allés voir pour nous rafraîchir après les heures poussiéreuses du parc, je trouve un magnifique caméléon ! Les béninois disent que c'est un signe de future richesse (j'espère bien que c'est vrai) et il est aussi (malheureusement) souvent utilisé par les marabouts pour tel ou tel sort. J'ai bien envie de l'emmener (qu'en dis-tu Manu, à la place du chat ?) mais il n'a pas l'air vraiment d'accord...
On poursuit notre route jusqu'à Tanguiéta où on prend un taxi pour aller à Djougou, à deux heures de là. C'est dans cette ville qu'habite le père d'Hariss, qui a la gentillesse de nous héberger quelques jours ! Nous sommes très bien accueillies et son papa est aux petits soins. Les deux jours suivants, nous allons parcourir à moto les environs de Natititingou (à mi-chemin entre Tanguiéta et Djougou). Nati, comme les gens disent, est une ville agréable, entourée de belles collines vertes et point de départ parfait pour découvrir la brousse aux alentours. Le premier jour, on loue deux grosses motos, Hariss et Sam sont les deux chauffeurs... mais très vite c'est Caro qui prend le volant ! En moins de deux la voilà transformée en motarde, manque plus que l'ensemble en cuir !
La piste est assez mauvaise, entre montées et descentes et on roule doucement pour éviter de se retrouver par terre, mais ça nous laisse le temps d'admirer le paysage : vallées vertes, champs d'ignames, petits villages perdus... On s'arrête pour saluer un baobab sacré, vieux de plusieurs centaines d'années, sous lequel les villageois viennent toujours déposer leurs souhaits en échange d'un sacrifice...
En fin de matinée, on entre au pays Somba ! Les Bétammaribés (que les colons ont en fait appelés « sombas »...) sont très présents dans cette partie du pays, et vivent dans des maisons surélevées, les « tatas », qui ressemblent à de petits châteaux forts. Le rez-de-chaussée (très sombre) est plutôt réservé aux animaux et à l'étage, à ciel ouvert, se trouvent les chambres et les greniers, sur lesquels on monte par une échelle. Le chef de famille possède le grenier le plus important et lui seul a le droit d'en tirer des denrées, sa femme et ses enfants n'ont pas le droit de voir de ce qu'il y a à l'intérieur !
Toute la journée sur nos motos, on sillonne la région, en s'arrêtant dans des petits villages, visiter, marcher un peu, voir les marchés... Le soir, Hariss apprend qu'il doit retourner sur Cotonou demain, à cause de son job. Dommage ! On est tous un peu déçus mais on se reverra dans quelques jours.
Le lendemain, Caro et moi, toujours motivées pour de nouvelles aventures (en moto bien sûr), on repart à Natitingou pour la journée. On retrouve Sam et Cyril, que j'avais rencontré en 2007 lors de mon premier voyage au Bénin. Les deux jeunes guides ont monté leur propre boîte de tourisme il y a peu et proposent des circuits un peu partout dans la région. On débute la journée par la visite d'un village peul. La location de la deuxième moto ayant un peu traîné, on arrive trop tard pour voir les troupeaux de bœufs partir dans les champs. Mais on y goûte le fruit du karité ! La pulpe se mange, elle est très sucrée. La noix de karité est utilisée pour faire du beurre, on retrouve chez nous d'ailleurs de plus en plus de produits au karité.
Les Peuls sont un peuple semi-nomade, et sont présents un peu partout en Afrique de l'ouest. Ils peuvent s'installer quelques mois ou quelques années dans un village et repartir pour un autre endroit. Les Peuls sont des bergers et leur seule richesse, ce sont leurs bêtes, de grandes vaches assez particulières avec des cornes énormes et de grosses bosses. Avec le lait de leurs vaches, ils font du fromage, appelé « fromage peul » qu'on mange avec de l'igname pilé. Notre plat préféré ici ! En repartant, on a la chance de voir le chef du village traire ses vaches, aidé de son fils. Les petits garçons peuls vont très jeunes garder les bêtes. A partir de cinq ou six ans, ils passent leurs journées dans les champs. Ce qui fait que les enfants vont rarement à l'école...
Deuxième étape de la journée : un village traditionnel où l'on peut rencontrer un chef féticheur et voir des grottes sacrées. Ça me rappelle quelque chose ! On marche quelques minutes, des enfants accrochés à nos mains, pour arriver au centre du petit village. Et là, surprise ! Le vieux guérisseur surgi de sa case pour se précipiter sur Caro ! En le voyant je me rappelle de lui, j'étais déjà venue il y a cinq ans... Le féticheur ne porte jamais d'habits, à part un cache-sexe (en peau de singe, graouw) et un chapeau en rafia. Voilà donc notre Caro prête pour la photo, collée au papy, qui lui demande déjà si elle veut rester avec lui ! Elle est ravie ! Moi je me marre en prenant les photos ! Mais bien vite, le féticheur m'appelle pour la photo, et me voilà coincée, il me serre bien fort contre lui, me voilà ravie aussi (la photo en témoigne...).
Tout ça n'a pas duré cinq minutes, le vieux a surgi, a fait trois photos, craché son tabac à nos pieds, le guide nous a dit qu'il a des pouvoirs pour guérir les gens... et basta ! Nous voilà donc déjà à sortir le porte-monnaie pour rémunérer le féticheur. Bah oui, quoi, faut bien qu'on serve à quelque chose ! On poursuit la visite pour aller voir les grottes, à une demie-heure de marche. Elles sont immenses et l'histoire dit qu'elles ont été découvertes par une femme partie ramasser du bois et qu'elles ont permis au village entier de s'y cacher pendant les guerres avec d'autres village et lors de la colonisation. En milieu d'aprèm, on reprend la route pour aller aux chutes de Kota, où on profite de la fraîcheur du lieu. Le soir, après avoir dit au revoir à nos deux sympathiques guides, on repart sur Djougou pour y passer la nuit, et nous repartons ensuite vers le sud du Bénin....